Tu es jeune footballeur et tu sens que le temps joue contre toi ? Ce premier épisode t’explique pourquoi la patience est une compétence mentale clé pour progresser sans te brûler. Découvre des outils concrets pour traverser les périodes de doute et continuer à avancer… sans perdre confiance.
Gérer l’impatience quand ta carrière tarde à décoller
Savez-vous que l’impatience peut freiner votre progression mentale et sportive ?
C’est pourquoi je vous propose aujourd’hui un épisode taillé sur mesure pour les footballeurs (et leurs agents) qui vivent cette période délicate où « ça devrait marcher… mais ça ne vient pas encore ». Justement, c’est une problématique que j’aborde souvent en séance – et je vais partager avec vous les clés que je transmets à mes joueurs.
L’impatience chez les jeunes joueurs : un sentiment normal… mais risqué
Attendre que sa carrière démarre, sans savoir quand ni comment, c’est frustrant.
Et c’est parfaitement normal de ressentir de l’impatience. Peu de joueurs deviennent pros. L’incertitude, la pression familiale, les comparaisons… tout cela crée du stress.
Ajoute à cela les réseaux sociaux qui valorisent les pépites, les surclassés, ceux qui signent pro… et tu te retrouves à douter de toi alors que tu progresses bien.
Deux effets indésirables de l’impatience
1. Tu joues moins bien
Quand tu doutes, tu n’es plus dans le moment, tu n’es plus libéré.
Tu te mets à observer chaque erreur, à te juger, à anticiper l’échec. Résultat : ton jeu se bloque.
2. Ton attitude change
Tu prends moins de plaisir, tu en veux à ton coach, tu t’énerves…
Sur le banc, tu boudes, et quand tu rentres, tu ne fais pas bonne impression. Et ça ne t’aide pas à gagner du temps de jeu.
👉 Si tu te reconnais, je t’invite à écouter mon épisode sur l’attitude en sport d’équipe.
Ce que je dis à mes joueurs : change ton modèle mental
Étape 1 : Revois ta notion du temps
Dans les catégories juniors, chaque année apporte une progression. U15 → U16 → U17.
Mais en senior, le temps s’étire. Tu dois penser sur 2 à 3 ans, pas sur 6 mois.
Tant que tu restes bloqué dans le tempo junior, tu souffres. Accepte le temps long.
Étape 2 : Garde ton attention sur l’étape actuelle
Avancer centimètre par centimètre demande de la lucidité.
Si tu gardes Paris en tête alors que tu marches depuis Genève… tu risques de péter un plomb.
👉 Regarde autour de toi. Vois ce que tu améliores chaque mois. Sois fier du chemin déjà parcouru.
Étape 3 : Fixe-toi des objectifs de performance
Au lieu de penser « Quand vais-je percer ? », demande-toi :
- Est-ce que je suis plus régulier ?
- Est-ce que je prends plus d’initiatives ?
- Est-ce que je lis mieux le jeu ?
- Est-ce que je suis plus physique, plus présent ?
Ton poste compte. Vraiment.
Si tu es attaquant, il est normal d’être attendu plus jeune.
Mais si tu es défenseur central ou gardien, c’est différent. Les coachs attendent de la maturité, de la gestion émotionnelle, de la stabilité.
Tu n’es pas « en retard ». Tu es en construction.
👉 Certains postes percent plus tard… mais durent plus longtemps.
Ce qu’il faut retenir
- Ton impatience est humaine, mais elle doit être canalisée.
- Change ton rapport au temps : passe du mode junior au mode senior.
- Concentre-toi sur ce que tu peux faire maintenant, pas sur la carrière rêvée.
- N’oublie pas : chaque poste a son tempo. Le tien aussi.
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Transcription
Salut et bienvenue sur ton podcast de Prépa Mental. Petite précision importante avant de démarrer. Rappelle-toi que pour être efficace, la préparation mentale doit être faite sur mesure. Ici, je te donne des conseils généraux basés sur ma longue expérience, mais ça ne remplace pas des séances avec ton préparateur mental personnel. Aujourd’hui, je te parle de la patience pour un footballeur qui attend que sa carrière démarre enfin. C’est une problématique qui m’est très souvent amenée en séance par les joueurs, bien sûr, mais aussi beaucoup par leur entourage, surtout les agents, parce que ces derniers sont souvent en première ligne pour essayer d’expliquer à leurs joueurs qu’ils doivent être patients, que ça viendra, mais au bout d’un moment, ils sentent que leurs joueurs s’impassionnent de plus en plus et que la situation se tend. Car l’impatience, ça peut finir par causer des vrais soucis sur le plan mental et de vrais freins sur le plan sportif. Alors je vais te dire maintenant ce que je dis à mes joueurs quand cette situation se présente à eux. D’abord, il faut que tu saches que c’est normal d’être impatient. Tous les joueurs peuvent vivre ce moment. En effet, tout le monde a conscience que ce n’est pas facile de devenir joueur pro, que peu de joueurs vont atteindre ce but. Donc c’est normal que cette incertitude pèse sur le moral et le mental et crée une forme d’inquiétude, voire de stress. Au bout d’un moment, un joueur peut se mettre à la recherche du moindre petit signal, lui indiquant c’est bon, ça va marcher, parce qu’il a besoin d’être rassuré. Rassuré qu’il va y arriver, qu’il va réussir à percer et qu’il n’est pas en train de faire tout ça pour… rien. Parce que ce serait quand même affreux d’avoir fait tout ça pour rien dans son esprit. Tous les efforts que j’ai faits, mes proches aussi, j’aimerais tellement pas qu’ils soient déçus. Bref, je suis sûre que tu vois de quoi je veux parler. Et puis, parlant des réseaux sociaux, à travers eux, on voit tous les jours des articles sur tel jeune qui a percé, tel autre qui est une pépite, tel autre qui a fait sa première entrée en pro. On va dire que Instagram ne nous aide pas trop à gérer notre patience. Parce qu’on se compare sans cesse, c’est vrai. Et ça, c’est quelque chose que les joueurs d’il y a 10 ans ou plus n’ont pas vraiment eu à vivre, en tout cas pas de cette manière. Bon alors, c’est normal d’être impatient, mais ça peut causer des effets indésirables dont on n’est quand même pas trop fan. D’abord, en cas de mauvaise période dans la saison, ou juste de mauvais matchs, parfois même juste de quelques erreurs pendant le match, cette impatience amplifie l’état de doute. Je peux me dire, c’est clair qu’avec le niveau que j’ai en ce moment, j’arriverai jamais à faire carrière. Et on va commencer à se poser trop de questions, on ne joue plus libéré. Et ça, c’est une histoire de cortex préfrontal, dont je te parlerai dans un autre épisode. Et finalement, ça va plutôt nous inhiber sur le terrain et nous empêcher de jouer à notre meilleur niveau. Donc ça, c’est déjà un effet indésirable dont on ne veut pas vraiment. Le deuxième, je dirais que cette impatience peut causer des soucis au niveau de l’attitude du joueur. Parce qu’à force de ne pas avoir beaucoup de temps de jeu, par exemple, je peux commencer à en vouloir à mon coach, à mon directeur sportif, au club. Du coup, sur le banc, je suis désactivée, j’ai l’air vénère et finalement, je fais une entrée plus que médiocre. Et alors, à partir de là, il n’y a plus rien qui va. Peut-être tu fais partie de ces joueurs qui sont les bras croisés sur le banc, le bonnet jusqu’au fond des yeux bien posé, bien l’air vénère. Si oui, il faut que tu écoutes mon épisode au sujet de l’attitude, ça pourrait te rendre service. Alors, qu’est-ce que je donne à mes joueurs comme solution à ce sujet ? D’abord, ça dépend d’où tu en es. Si tu es en académie ou centre de formation, tu vas suivre les étapes normales de l’évolution d’un joueur, U15, U16, U17, U18, selon le système national dans lequel tu es. Mais je te vois venir, t’es peut-être inquiet, parce que tu connais des joueurs qui sont surclassés et pas toi. Des joueurs qui ont déjà signé des contrats pro dans leur club et pas toi. Alors, sache que le fait d’être surclassé n’indique en rien la certitude de faire une carrière. Une structure peut décider de surclasser un joueur parce que la catégorie du dessus est plus adaptée à son évolution, surtout physique, mais si ça se trouve, le même joueur va faire du surplace pendant plusieurs années dans le futur. Ça, t’en sais rien. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a aucune statistique qui indique que les joueurs surclassés feront carrière et pas les autres. Donc laisse faire le process, applique-toi à chaque saison en pensant à ce que tu peux améliorer en vue de la prochaine et laisse tomber la comparaison avec les autres joueurs, ceux qui sont surclassés ou qui ont signé un contrat parce que là, tu laisses entrer dans ta tête les choses qui t’aident pas du tout à te concentrer sur toi et à te concentrer sur ton football. Mais tu es peut-être arrivé à la fin des juniors là en ce moment, et tu as peut-être un pied avec les pros et un pied avec les juniors. Et c’est là que la patience, ça devient chaud. Parce qu’arrivée là, on n’en peut plus d’attendre. Donc voici le modèle mental que je te propose pour faire face à ça. D’abord réalise que tu as pris l’habitude depuis petit que chaque saison amène son évolution. U15, U16, U17, mais maintenant il faut que tu lâches ce modèle. Le temps ne sera plus découpé ainsi à partir de maintenant. Aujourd’hui, tu dois plutôt concevoir le temps sur deux ou trois ans et non pas six mois ou un an. Le temps dans le foot adulte est dilaté, il est plus long par rapport aux années juniors. Si t’as pas bien intégré le fait que le modèle du temps n’est pas le même en junior qu’après, mentalement ça va pas être facile de gérer la patience. Donc lâche le modèle du temps junior, passe à un autre modèle du temps. Deuxième point, je te conseille de porter toute ton attention sur l’étape où tu te trouves aujourd’hui. Parce que tu sais qu’à partir de maintenant, tu vas avancer centimètre par centimètre probablement. Or, si tu gardes trop en tête ta destination finale qui est sans doute encore loin, c’est-à-dire le fait de démarrer une carrière professionnelle, en avançant centimètre par centimètre, tu risques de devenir fou. Imagine-moi, je pars de Genève à pied et je dois aller à Paris, et j’avance du coup très très lentement. Si j’avance en guettant Paris à chaque instant, je vais péter un plomb, je vais me décourager et j’arriverai jamais à Paris. Mais si je regarde mes pieds et autour de moi, que de temps en temps je regarde derrière moi pour voir le chemin parcouru, j’ai plus de chance de tenir le coup mentalement. D’ailleurs, pour de vrai, je suis un bon exemple de ce que je te dis, parce que mon premier diplôme en coaching mental, c’est 2011, mais je ne gagnerai ma vie avec ce métier correctement qu’en 2020. Et bien, je suis bien contente de ne pas l’avoir su en 2011, sinon je pense que je ne serai pas en train de parler avec toi en ce moment. Donc tout ça pour te dire qu’il faut te demander quels sont tes objectifs de performance pour les matchs de maintenant, de la période présente. Qu’est-ce que tu peux faire mieux en ce moment ? Est-ce que c’est être plus régulier dans tes matchs ? Est-ce que c’est prendre plus de risques dans ton jeu ? Est-ce que c’est mieux prendre les informations, mieux lire le jeu ? Est-ce que c’est être plus intense, plus physique ? Pose-toi ce genre de question pour la saison présente. Et troisième point, qui est à mon avis très très important, c’est que tu dois prendre en considération ton poste. Si tu es un joueur offensif, c’est normal que tu t’attendes à percer relativement jeune. Vu le type de poste, les efforts demandés et la possibilité de rentrer à n’importe quel moment en cours de jeu, on peut s’attendre à ce qu’un joueur offensif puisse percer avant sa vingtaine. Mais si tu joues à un poste défensif, pire, si t’es gardien, c’est pas la même histoire. Tu t’es déjà demandé quelle était la moyenne d’âge des défenseurs centraux ou des gardiens chez les pros ? Eh ben va jeter un œil, parce que c’est pas vingt ans. C’est sûrement dû à la maturité qui est attendue par les coaches sur de tels postes. On attend des patrons, des papas, des joueurs matures qui gèrent leurs émotions, sont stables dans leurs performances, qui ont de l’expérience quoi. Par contre, la bonne nouvelle, c’est que tu peux potentiellement faire durer ta carrière plus longtemps si t’es à un poste comme ça. Mais en tout cas, il faut que tu prennes en considération cette dimension là, parce que ça peut t’aider aussi à gérer ta patience. Voilà mes conseils de prépa mentale pour toi. Abonne-toi à mes podcasts pour ne pas manquer les prochains épisodes. Et si tu as besoin que je traite d’un thème en particulier, n’hésite pas à m’écrire. J’espère t’avoir été utile aujourd’hui. Et n’oublie pas, Libère ton jeu !